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Caroline Giraud

Peux-tu vous présenter, toi et ton (tes) livre(s) ?

Je m’appelle Caroline Giraud, j’ai 29 ans et je suis prof de philo à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. J’ai commencé à publier des livres à 13 ans quand j’étais au collège, mais je considère que mes « vrais » livres, ceux qui représentent vraiment mon projet dans l’écriture, sont ceux qui sont sortis à partir de La Loi de Gaia, en 2016. La rupture est marquée par le fait que depuis ce moment je publie mes livres sous mon vrai nom, alors que j’avais un pseudonyme avant ça.

Pour ce qui est de la présentation de mes livres, j’en ai actuellement cinq publiés, deux romans et trois essais de pop’philosophie (mais ce sera bientôt équilibré puisque ma prochaine publication sera un roman). Je mets entre 3 et 5 ans à écrire mes romans et quelques mois pour les essais de pop’philosophie, ce qui me permet pour l’instant de tenir un rythme d’un livre par an. Avec les romans seuls, ce serait plus compliqué… puisque mon dernier est sorti en 2017, quand j’ai commencé à écrire celui que je termine justement cette année. Mes romans sont des illustrations de problèmes philosophiques, plutôt politiques (j’adore la dystopie, c’est le meilleur format pour le faire) mais aussi métaphysiques (pour ça, la science-fiction est parfaite).

La pop’philo, pour ceux qui ne connaissent pas, consiste à mettre en relation des œuvres de la culture populaire avec des auteurs ou notions de philosophie. Dans mes essais, j’essaie d’illustrer simplement des thèses d’auteurs compliqués à partir de la pop’culture. J’ai en particulier les mangas et Disney pour faire ce travail. J’ai aussi créé un podcast sur le même principe, qui s’appelle « Geekosophie Magazine ».

Pourquoi avoir choisi l'autoédition?

J’ai choisi l’autoédition déjà parce que je n’ai aucune ambition particulière dans le domaine de l’écriture. C’est juste une occupation annexe qui me permet de prolonger mon travail de prof de philo donc je n’ai pas pris la peine de cherche un éditeur, ni même de m’intéresser au processus pour se faire éditer. Quand j’étais au collège, au lycée, évidemment, je l’ai fait, mais c’est parce que comme beaucoup de monde, je ne connaissais que cette façon d’être publiée.

Pour mon « premier » roman La Loi de Gaia, je n’avais pas envie qu’il soit édité au départ, encore moins de le confier à qui que ce soit, mais j’avais quand même envie de le faire partager. J’ai vu que l’autoédition était un procédé qui pouvait être gratuit et j’en ai profité pour me lancer. J’ai bien fait puisque Le Loi de Gaia a été vendu à plus de mille exemplaires et m’a permis de me lancer véritablement dans cette branche.

Maintenant que je connais bien l’autoédition, je sais que je ne changerai plus de procédé, déjà parce que ça marche bien, ça me permet de m’occuper de beaucoup de détails que j’adore (comme faire la couverture, la mise en page, la promo…) mais surtout parce que grâce à ça je peux vendre les exemplaires numériques à seulement 1 euro, ce qui ne serait pas possible pour un éditeur qui a beaucoup de partenaires à payer avec la vente des livres. Proposer les exemplaires numériques à un euro permet de diffuser plus facilement et comme l’objectif est quand même de populariser au maximum la philosophie, c’est le meilleur moyen. Je pourrais même les diffuser gratuitement, mais ça me fait plaisir de voir que des gens sont prêts à dépenser quand même cet euro symbolique pour me lire.

Ton (tes) livre(s) est (sont) sous quel format? (papier, numérique, les deux ?) Pourquoi ?

Mes livres se trouvent au format papier et au format numérique. Le papier reste plus populaire alors je ne me voyais pas l’enlever, mais le numérique est le seul format sous lequel je peux ne demander qu’un euro à la vente.

Comment fais-tu la promotion ?

Pour la promo des essais de pop’philo, j’utilise beaucoup les publicités Facebook à des périodes stratégiques (à la rentrée scolaire, à l’approche de Noël et à l’approche du bac). Pour les romans, je n’ai pas peur de distribuer des services de presse. Du moins, c’est ce que j’ai fait pour La Loi de Gaia, et probablement ce que je ferai pour mon prochain aussi, c’est toujours agréable de voir des chroniques apparaître sur des blogs.

Parlons argent : ça t’a coûté combien, environ ? Promo comprise.

J’en ai un peu parlé avant, c’est justement parce que l’autoédition peut être gratuite que je l’ai choisie au départ, ça ne m’a donc rien coûté du tout. Pour la promo, mon premier livre était La Loi de Gaia et j’ai surtout distribué des service de presse numérique, ce qui ne coûte rien. Pour les publicités Facebook, je ne « dépense » rien non plus, je me contente de réinvestir tout ce que je gagne. Donc on peut dire que ça ne me coûte rien, et que je ne gagne rien non plus, mon but est de toute façon la diffusion.

Est-ce que tu gagnes de l’argent avec ton (tes) ouvrage(s) ?

Je ne « gagne » donc pas vraiment d’argent puisque je réinvestis tout en pub. Un ami m’a dit en plaisantant que dans dix ans, on verra sûrement des dirigeables avec mes pubs dessus, mais que je n’aurais toujours pas gagné d’argent !

Sinon, pour dévoiler quand même ce grand secret de combien rapporte mes ventes de livres, je suis à peu près à 30 euros par mois. C’est versé trois fois par ans donc je touche des droits par tranches de plus de 100 euros.

Est-ce que tu as un autre travail en plus de celui d’auteur/autrice ?

Je n’ai pas un autre travail « à côté » de mon travail d’autrice, c’est ce travail d’autrice qui est un « à côté » et qui le restera parce que je n’ai vraiment aucune passion particulière pour l’écriture, qui n’est qu’un bon hobby pour compléter mon vrai travail. Je suis donc prof de philo (et peut-être bientôt de maths !) En fait je prépare une licence de maths en même temps, j’aimerais bien avoir cette double casquette un jour, même si la philo passera en priorité. C’est ça en fait mon deuxième objectif professionnel, donc l’écriture est vraiment très loin derrière.

Pour une première auto-édition, tu penses qu’il vaut mieux le premier tome d’une saga ou un one-shot?

Pour ce qui est de savoir si je pense qu’il vaut mieux commencer par un roman one shot que par une saga, je risque de ne pas être très objective… parce qu’en réalité je déteste les sagas. Et quand je dis « déteste », je veux vraiment dire que je déteste ça, au point que je suis capable de m’énerver violemment quand je découvre qu’un roman qui me plaît est un tome 1 (ahah). Je ne suis pas une lectrice qui recherche l’évasion ou l’imagination, j’aime plutôt voir des objets bien construits, unis, avec un début et une fin logiques, qui ne se perd pas dans des dizaines de péripéties. Donc si un livre ne se termine pas à la fin, il y a très peu de chances que j’aime. Du coup… forcément je recommande de ne pas se lancer dans une saga, ça laisse déjà beaucoup plus de chances pour que j’achète le livre !

Comment as-tu choisi ta plate-forme d’auto-édition ?

Je suis autoéditée sur Bookelis et je ne me souviens plus trop de la façon dont j’ai choisi la plateforme. J’avais d’abord regardé KDP (Amazon) sans trop accrocher, puis je suis tombée sur Bookelis et j’ai accroché dès le premier roman. Maintenant, je n’ai plus de raison de changer, parce que j’ai réussi à intégrer le programme très sélectif « Les pépites » de Bookelis, réservé aux auteurs les plus lus, qui me donne accès à une distribution à l’internationale par Hachette Livres.

Ce qui a été le plus dur pour toi dans ce processus ? Pourquoi ?

Je ne sais pas vraiment ce qui a été le plus dur… en fait ce qui est dur, pour moi, c’est l’écriture, la publication j’aime bien. Par « écriture », j’entends toute la partie rédaction (c’est pour ça que je suis aussi longue à écrire un roman !) J’aime beaucoup réfléchir à ce que je vais faire, construire un plan, une réflexion, puis corriger, relire et faire des modifications, mais la rédaction du texte est un vrai cauchemar.

LE conseil ultime à donner pour un auteur qui veut se lancer dans l’autoédition :

Pour ceux qui souhaiteraient se lancer, j’aimerais leur dire de le faire, et de ne surtout pas se décourager en cas de mauvais départ. Continuez à écrire, à publier d’autres livres, ce n’est pas forcément le premier qui perce, ce n’est pas non plus le premier lecteur, ni même les dix premiers, qui ont raison.

Quelque chose à ajouter ?

En lien avec la question précédente, je vais ajouter une anecdote personnelle, parce que je me rends compte aujourd’hui que la force mentale que j’ai eue à l’époque, tout le monde ne l’aura pas forcément, et ce serait vraiment dommage que des passionnés s’arrêtent d’écrire à cause de quelques malveillants.

Quand j’ai écrit mon premier petit roman (13 ans, j’étais au collège), j’allais beaucoup sur des forums de lecture et d’écriture et il y en avait un avec des gens qui, clairement… ne se prenaient pas pour rien. J’avais annoncé avec beaucoup de joie (13 ans, comment réagir autrement ?) la publication (à compte d’auteur, certes) de mon roman. Je m’étais fait descendre dans l’immense majorité des réponses, qui me disaient que c’était niais, mal écrit, ridicule, et que le fait d’avoir 13 ans n’était pas une excuse pour écrire aussi mal.

Alors, si, c’est une excuse. Bien sûr, quand je relis ce livre, je me moque de moi-même, mais attendre d’une ado de treize ans un texte digne de Victor Hugo, c’est pathétique. Et l’âge n’est pas seulement le problème. Quand on début dans l’écriture, comme dans tous les domaines, on débute. Alors ne vous laissez pas abattre par ce genre d’individus. Plus encore, si des adolescents qui s’essaient à l’écriture tombent sur ce genre de remarques, n’oubliez pas que ce fut mon cas aussi. Et qu’aujourd’hui, j’ai un roman qui a dépassé les mille exemplaires (en autoédition, c’est bien. Surtout quand on ne se tue pas à la pub).

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