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Le Contrat du Chocolat II – Chapitre 1

Cette histoire n’est pas destinée à un public jeune !

Dans cette histoire, il y a :

-de la violence gratuite (beaucoup)
-une énorme consommation de cannabis
-une énorme consommation de tabac
-des armes à feu et des armes blanches (trafic et utilisation)
du langage vulgaire

Bien entendu, je n’encourage ou ne cautionne aucune de ces choses-là !

Comme pour Le Contrat du Chocolat, il s’agit d’une histoire à prendre au second degré qui, je l’espère, vous amusera (au moins un petit peu !^^)

La balle perdue

— FÉLIIIIIIIX !

Le Chat ouvrit difficilement les yeux. La voix de sa chère sœur, Sweetie, était horriblement désagréable, surtout après avoir passé une nuit à fumer du cannabis au cours d’une soirée mémorable.

— Tu n’as rien à faire dans ma chambre, grogna-t-il en se redressant.

Son immense lit était incroyablement confortable, et s’en détacher était un véritable péché qu’il commit cependant, craignant une colère de sa sœur.

— Qu’est-ce que tu fais là, d’ailleurs ? Tu n’as pas un tournage ?

— Non, et on s’en fout ! C’est la merde, Félix ! Il faut que tu te lèves !

— Tu ne vis même pas ici, en plus !

— Mais bordel de merde, tu m’écoutes ?! On est dans la merde !

Félix soupira profondément, boudeur, alors que Sweetie serrait les poings, visiblement prête à le massacrer. La belle actrice était une Chatte au pelage tricolore, mélangeant harmonieusement du blanc, du roux et du noir. Elle était majestueuse dans sa belle robe de luxe, et Félix était un peu jaloux de sa sœur. Même lorsqu’elle dormait, elle ressemblait à une reine !

— Qu’est-ce que tu as fait ? Et c’est qui, « on » ? Pas toi et Caoutchouc Guerindor, au moins ?!

— « On », c’est nous tous ! Tous les Chats, Félix ! On est au bord de la guerre avec les Canins ! Ils sont devant ta maison !

Félix cligna des yeux alors que Sweetie lui expliquait qu’ils avaient frappé à toutes les portes des maisons voisines —dont la sienne — pour vociférer des insultes et des menaces à l’encontre des Chats. Arrivés à la maison de Félix, ils avaient eu beau insister, le patriarche de la famille Mardoner n’avait pas daigné répondre et Sweetie avait décidé de calmer les esprits en proposant d’aller chercher son frère.

— Dooooonc, si je résume, une meute de Canins enragés m’attend devant chez moi et toi, en grande sœur modèle, tu as décidé de me balancer à la meute ? Comme c’est chou, tu portes vraiment bien ton nom !

— Ne me fais pas le numéro du petit frère trahi ! Apparemment, c’est de ta faute si on est tous dans la merde, alors tu vas bien gentiment aller régler le problème ! Tout de suite !

— Désolé, ma chère, mais il faut d’abord que je m’habille et que je prenne mon petit-déjeuner ! Ensuite, j’irai voir !

Sentant que Sweetie allait se mettre à hurler des insanités d’une seconde à l’autre, Félix siffla l’un de ses robots domestiques qui raccompagna —de force, mais juste un peu — la Chatte en dehors de la pièce.

Félix était en train d’attendre son petit-déjeuner dans son immense salle à manger lorsqu’il entendit très distinctement la porte d’entrée de son palace voler en éclats. Visiblement, les Canins avaient perdu patience. Félix roula des yeux, et il décida d’aller les accueillir malgré son estomac qui criait famine. Le forcer à faire quoi que ce soit avant qu’il ait eu le temps de prendre un solide petit-déjeuner, c’était scandaleux ! Les Canins voulaient quoi ? Qu’il fasse une crise d’hypoglycémie ou carrément qu’il s’autodigère ?! Il s’alluma un joint, en ayant bien besoin pour commencer cette journée, et rallia l’entrée de sa maison. Sweetie était présente et essayait de barrer la route à trois Canins énervés : Un Loup, un Chien et une Renarde. Aux côtés de Sweetie se trouvaient deux robots gardes du corps ainsi que Nuage. Cette dernière était une Chatte blanche, avec de longs poils soyeux, de grands yeux bleus. Elle était bien en chair et assez timide. Cousine germaine de Félix et Sweetie, elle était la fille du frère de Thor, leur père, et n’était donc pas une Mardoner de sang (la matriarche de la famille étant Sky, leur mère). À la mort des parents de Nuage, alors qu’elle n’était pas encore sortie de l’adolescence, Sky et Thor l’avaient prise sous leur aile. À la mort de Sky et Thor, Nuage leur avait en quelque sorte rendu la pareille et avait élevé Félix, Sweetie et Nougat, leurs enfants orphelins. Félix adorait Nuage, malgré ses côtés moralisateurs (« Pas de cannabis, Félix, c’est mauvais pour toi ! » « Non, tu ne peux pas créer un double de toi robotique pour échapper aux dîners de famille ! », ce genre de choses) et Nuage se montrait très protectrice avec la fratrie.

— On va te faire la peau, Mardoner ! s’écria le Chien.

Félix le regarda, nullement impressionné, et vint se positionner face à lui, aux côtés de sa sœur et de sa cousine. Il souffla la fumée de son joint à la figure des Canins, et la Renarde braqua son énorme fusil sur sa tête, furieuse. Nuage se frappa le front avec sa paume de patte, exaspérée par le comportement du patriarche de la famille alors que Sweetie marmonnait des insultes.

— Que me vaut l’honneur de cette visite en mon humble demeure, qui fait bien le double de celle de votre famille dirigeante ?

Nuage poussa un couinement désespéré alors que les trois Canins raffermissaient leur prise sur leurs armes. Les robots firent de même et la Renarde, Crimson de son petit nom, prit la parole.

— Tes robots ont attaqué Madame Ondoriam ! Tu as essayé de la tuer, et on va t’écorcher vif pour te punir !

Félix cligna des yeux, sincèrement surpris. Luna Ondoriam était la matriarche de la famille dirigeante des Canins, et il entretenait des rapports cordiaux avec elle. Elle lui fournissait armes et matériel et lui, il lui fournissait toujours plus de technologie et de machines pour lui permettre d’améliorer la production et la qualité des armements produits par les Canins. La production et la vente d’armes représentaient, en effet, les activités majeures des Canins.

— Dis-moi, simplette, pourquoi voudrais-je tuer une excellente partenaire d’affaires comme cette bonne vieille Luna ?

Il ponctua sa question par un souffle de cannabis sur les Canins, et le Loup grogna, furieux. Sweetie frappa le sol d’un coup de talon, au bord d’étrangler son petit frère.

— On sait que tu te plains de l’augmentation des prix que Madame Ondoriam a mis en place, répondit le Chien.

Il se nommait Rex et avait le physique d’un berger allemand particulièrement athlétique. Il était proche de la famille Ondoriam et était un excellent tireur. Félix roula des yeux.

— Ce n’est pas parce que je me plains que je veux la zigouiller ! Elle va bien, au fait ?

— Elle s’en est tirée, gronda Rex en réponse.

Félix acquiesça, pensif. Il ne se souvenait pas avoir programmé des robots pour tuer Luna Ondoriam. Il planait souvent —cannabis oblige —, mais il ne planait jamais à ce point. Il avait, de plus, des relations correctes avec la Louve. Non, décidément, il était innocent !

— Si vous me laissez examiner mes robots, je pourrai vous expliquer ce qu’il s’est passé.

Une offre sincère et généreuse qui fit ricaner les trois Canins.

— Tu crois vraiment qu’on va te laisser faire disparaître les preuves ?! gronda Crimson.

— On a déjà des spécialistes sur le coup, qui nous ont expliqué comment tu avais programmé tes robots pour tuer notre patronne ! grogna le Loup.

Il s’appelait Rodolf et était vraiment énorme. Il était également réputé pour son tempérament explosif et son goût pour la violence.

— Des spécialistes ? Vraiment ? Je suis un peu surpris, personne ne m’a prévenu…

— On ne s’est pas adressé aux Chats, cracha Rex. On a pris des spécialistes indépendants.

Félix éclata de rire. Des spécialistes en robotique n’appartenant pas au Clan des Chats ?! Quelle bonne blague !

— Bientôt, vous allez m’annoncer que vous vous êtes adressés aux humains !

Cela fit grogner les trois Canins.

— Ne sois pas ridicule, répliqua Crimson, les humains sont bien trop cons !

Il y avait un vrai consensus — pour une fois.

— Bon, étant donné que je suis innocent, et de bonne humeur, je vous propose de partir sans faire de vagues, et on fera comme si cette intrusion n’avait jamais eu lieu ! Allez, dehors !

L’espace d’une seconde, les Chats crurent que cela avait fonctionné. Jusqu’à ce que les canons des armes des Canins viennent se loger face à leurs têtes. Les robots gardes du corps les pointèrent évidemment en retour, mais Félix et ses accompagnatrices auraient largement le temps de se faire abattre avant qu’ils puissent agir. Félix termina tranquillement son joint et se mit soudainement à rire.

— Vous croyez vraiment que m’abattre serait une bonne idée ? Alors que tous les autres Clans d’animaux ne jurent que par mes innovations ?

— Si vous portez le premier coup, ce sera la guerre, et tout le monde vous lâchera ! renchérit Sweetie.

— Techniquement, vous avez porté le premier coup, répliqua Crimson.

Elle avait un petit rictus et se trouvait décidément très intelligente.

— Et c’est un peu nous qui fournissons les armes pour les conflits, précisa très justement Rex.

— Mais on a largement de quoi faire pour vous anéantir, surtout avec nos alliés très précieux !

Félix était joyeux et sûr de lui. Les trois Canins poussèrent un nouveau grognement collectif : il savait très bien que le patriarche de la famille Mardoner faisait référence au tout puissant clan des Lapins, avec lesquelles leurs relations étaient au beau fixe depuis les événements liés à la chute de Crock Daraengar. Durant l’année qui avait suivie, Eclipse Guerindor avait démultiplié la puissance de son Clan, et les Lapins avaient retrouvé et sécurisé leur juste place de leader de Faunsinland. Leur rapprochement avec les Chats, symbolisé notamment par la relation passionnelle qui unissait Sweetie et Caoutchouc Guerindor, n’était pas passé inaperçu. Pour s’en prendre aux Chats, il allait falloir s’en prendre aux Lapins, et ça, même les Canins n’avaient pas envie de s’y essayer !

— C’EST LA MERDE !

Tous les Animaux sursautèrent alors qu’un grand Chat apparaissait dans l’entrée. C’était un chat au pelage silver tabby avec des yeux verts. Il portait des vêtements normalement élégants, mais qui étaient pour l’instant complètement froissés. Nougat Mardoner, le frère ainé de Sweetie et Félix, un véritable sac à problèmes. Personne n’eut le temps de réagir avant qu’il reprenne la parole en gesticulant comme un dément.

— Les Lapins vont nous déclarer la guerre ! On va se faire éclater la gueule !

Il y eut un moment de flottement. Les trois Canins esquissèrent ensuite de grands sourires carnassiers alors que Sweetie prenait la parole, paniquée. Elle insulta copieusement son frère en exigeant qu’il s’explique, ce que fit rapidement Nougat. Apparemment, personne ne faisait plus attention aux Canins, qui allaient se régaler devant la débandade qui se profilait sous leurs yeux.

— Je me tapais la même gonzesse que l’un des deux gros jumeaux Guerindor ! Il m’est tombé dessus et il a failli me tuer alors je lui ai tiré dessus ! Il a pris une balle dans le cul !

Il y eut un moment de flottement. Crimson se mit à rire, rapidement imitée par ses deux accompagnateurs. Félix, lui, était trop sidéré pour faire quoi que ce soit. Son esprit anesthésié par la connerie fraternelle parvint cependant à conjurer une parfaite fiche d’identification pour son frère :

NOM : Mardoner

PRÉNOM : Nougat

CENTRES D’INTÉRÊT : Tromper sa femme, faire de la vie de sa famille un enfer, causer la chute de son Clan, tirer dans les fesses d’un Guerindor…

PLAT PRÉFÉRÉ : On s’en fout, il va causer la chute de sa famille !!

ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE : Emmerdeur, frère débile, être incompétent, causeur de chute de sa famille…

STATUT : Vivant (mais plus pour longtemps, car bientôt massacré par les Lapins/les Canins/son frère)

Félix n’était pas violent, et il se mettait rarement en colère. Nougat, cependant, y allait vraiment fort sur ce coup-là.

Et quel sens du timing !

Lorsque les trois Canins baissèrent leurs armes en souriant de tous leurs crocs, Félix ne se sentit pas du tout soulagé, bien au contraire.

— On va vous laisser papoter en famille, lâcha alors Rex. Vous avez beaucoup de choses à vous dire ! Et nous, on a une guerre à préparer. En collaboration avec nos copains les Lapins, de préférence !

Il leur fit un petit signe de la main avant de partir, ses deux acolytes sur les talons.

— J’ai raté un truc ?

Sweetie, Félix et Nuage ne répondirent pas à Nougat, préférant l’observer d’un œil torve. Même les robots gardes du corps paraissaient exaspérés par lui.

— C’est la merde, lâcha finalement Félix.

 

Sweetie — ou plutôt sa relation avec Caoutchouc — était la seule et unique raison pour laquelle Eclipse Guerindor avait accepté de recevoir Félix, ce qui était franchement mauvais signe. Quelques heures à peine après la visite des Canins, le patriarche des Mardoner se retrouvait ainsi en territoire alliénnemi. Il était accompagné par Sweetie, Fly et Angel, deux de leurs cousins germains — le premier via leur oncle Lucky, le second via leur tante Perle. Angel était un énorme chat roux à l’air constamment patibulaire, que la grande cicatrice qui barrait son œil droit rendait encore plus intimidant qu’il ne l’était naturellement. Fly était un chat tacheté, au pelage marron et aux tâches marron plus foncé. Il était grand, mais moins massif que son cousin Angel. Face à eux se tenait le gratin de la famille Guerindor : Eclipse, Caesar et Cactus — le frère d’Eclipse et père de Caesar. Moustique, fidèle parmi les fidèles de la famille Guerindor, était également présent, et tous étaient lourdement armés à part la matriarche de la famille. Les Chats, eux, n’avaient évidemment pas pris d’armes et cela rendait Angel particulièrement nerveux. Félix savait, pourtant, qu’il gardait au moins trois couteaux cachés sous ses vêtements, et peut-être même une arme de poing quelque part. Le minimum syndical pour son cousin, dont les yeux jaunes foudroyaient pour l’instant Caesar, sans raison particulière. Le beau Lapin — qui ne le savait que trop bien — les braquait avec un pistolet tout en regardant son téléphone, probablement occupé à poster des photos de lui.

Félix sut que l’entrevue ne se passerait pas très bien dès qu’Eclipse fit signe à Moustique de balancer le gros bouquet de fleurs qu’il lui avait amené à la poubelle. La Lapine avait savouré la grimace qui s’était affichée sur le Chat, avant de l’inviter à prendre la parole.

— Nougat est vraiment désoooooolé du terrible esclandre ayant conduit à ce qu’un malheureux projectile d’arme à feu se retrouve logé dans un endroit peu adapté. Il ne voulait vraiment pas faire de mal à Pacha, le coup est parti tout seul, à se demander comment les Canins confectionnent la camelote qu’ils nous vendent ! Je propose donc de punir Nougat et que nous remettions les choses à plat, comme si cet horrible incident ne s’était jamais produit ! Nous sommes, après tout, deux Clans amis, très soudés ! Ma sœur et cette merveilleuse Caoutchouc en sont le meilleur symbole !

Son petit discours n’eut pas l’effet escompté : les Lapins restèrent de marbre, Eclipse se contentant d’adopter un air dubitatif. Ce fut Moustique qui répondit le premier.

— C’est Biscuit qui a pris une balle dans le cul. Pas au même endroit que l’année dernière. Sur l’autre fesse.

Fly ricana, mais son rire cessa instantanément lorsque les Lapins le regardèrent d’un air assassin. Un silence pesant s’installa, et Félix prit une profonde inspiration.

— Bien entendu, Nougat s’excuse auprès de Biscuit ! pouvons-nous faire table rase du passé, maintenant que les fautes ont été reconnues et les excuses distribuées ?

— Il n’y a pas de raison que nos clans entrent en guerre pour si peu, répondit alors Eclipse.

— Génial ! s’écria Fly, s’attirant une nouvelle fois tous les regards.

Il n’était, décidément, pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.

— J’accepte vos excuses, Félix, poursuivit la Lapine. Mais je veux que vous m’apportiez la tête de votre frère.

Fly se remit à rire, nerveusement, cette fois-ci. Angel le frappa violemment dans le ventre pour le faire taire, et il se plia en deux en couinant et en toussant. Sweetie était horrifiée, et Félix inspira profondément.

— C’est hors de question, Eclipse.

— Alors ce sera la guerre.

La Lapine était intraitable. Félix savait qu’elle ne l’aimait pas, mais pas à ce point. Il lui sourit faussement, conservant son sang-froid — il était formaté pour cela, après tout.

— Comme vous voulez. Mais ne soyez pas étonnée si vous ne pouvez pas assurer la livraison du chocolat aux humains, cette année. Mon Clan est loin d’être aussi… idiot et incompétent que celui de Crock. Vous ne vous en tirerez pas sans dommages.

Personne n’avait apprécié la menace, mais Eclipse ne broncha pas.

— Qu’il en soit ainsi, alors.

OK, là, Félix commença à paniquer. Il ne fallait surtout pas que les Lapins leur déclarent la guerre.

— La perspective d’un conflit ne me réjouit guère, Eclipse ! N’y a-t-il pas quelque chose que les Chats pourraient faire pour les Lapins ? Quelque chose, n’importe quoi tant qu’il ne s’agit pas de faire du mal à Nougat — ou à n’importe quel autre Chat, cela va sans dire !

Eclipse resta longuement pensive. Elle échangea ensuite un petit regard avec Moustique, et ils semblèrent communiquer littéralement par la pensée avant qu’il ne fasse un petit signe de tête, visiblement d’accord avec ce qu’elle lui avait dit par télépathie (depuis quand ça existait sur Faunsinland, ça ?!)

— Il y a bien quelque chose. Un service que je voudrais que vous me rendiez. Il y a cependant des conditions non négociables.

Félix eut un petit sourire, sincèrement soulagé. Le non négociable, il le négocierait de toute façon : il avait toujours fonctionné ainsi, et cela lui avait toujours réussi !

— Je vous écoute !

— Je veux que vous me rameniez pieds et poings liés un criminel que nous recherchons.

La demande était étrange, car les Lapins étaient plus que qualifiés pour faire ce genre de choses, mais Félix l’invita à poursuivre sans broncher. Ce fut Moustique qui prit cependant la parole.

— Ce bâtard a essayé de buter Mercure la semaine dernière, et il est en fuite ! On pense que vous, les Chats, pouvez le retrouver plus facilement que nous.

— Nous comptions vous interroger à son sujet, compléta Eclipse, mais étant donné que vous êtes ici et que vous avez si gentiment proposé vos services alors que nous sommes débordés à l’approche de Pâques… Nous voulons que vous vous chargiez de tout : le trouver, et le ramener. Vivant, on doit l’interroger.

Félix jeta un regard à Angel, essayant de communiquer par la pensée comme Eclipse. Son cousin le fixa d’un air interrogatif, et il soupira.

— C’est tout à fait dans nos cordes, ma chère Eclipse ! Je pense que nous allons accepter !

— Mais d’abord, on voudrait savoir qui est le criminel en question, intervint Sweetie.

Mentalement, Félix remercia sa grande sœur pour sa pertinence. Les cerveaux étaient rares, à Faunsinland, et l’actrice en possédait définitivement un. Elle avait probablement pris la part de Nougat.

— Royal Kelensor. Un Dindon.

— Et un dangereux tueur à gages ! répliqua Sweetie, peu enchantée par la réponse.

À juste titre : ce dindon était une terreur. Un tueur à gages sans foi ni loi qui avait souvent travaillé avec les Reptiles, mais qui était surtout proche des Rats. Royal était un véritable sadique, un psychopathe assoiffé de sang que personne n’avait réussi à capturer ou à tuer jusqu’à présent.

— Ça va le faire, assura pourtant Félix. Quelles sont les conditions non négociables ?

Le sourire d’Eclipse devint soudainement maléfique, et le Chat eut la désagréable impression d’être tombé dans un piège mortel.

— Nous le voulons vivant. Et nous voulons que vous vous chargiez personnellement de sa capture, Félix.

Il fallut quelques secondes au patriarche pour comprendre ce qu’elle venait de lui dire.

— Moi ? Mais je ne suis pas vraiment le plus qualifié pour cela, Eclipse, je risque d’être une charge, surtout face à un tueur endurci comme Royal Kelensor !

— Ne soyez pas modeste, Félix, je suis sûre que vous ferez des merveilles. Vous ne serez pas seul : vous pouvez prendre qui vous voulez avec vous. Mais vous devez en être. Je saurai si ce n’est pas le cas, croyez-moi. Et si vous ne respectez pas mes conditions… ce sera la guerre. Ou la décapitation de votre frère. Ou les deux.

Elle n’avait absolument aucune compassion pour Félix, bien au contraire : elle dévoilait ainsi ses véritables intentions. Elle ne voulait envoyer les Chats aux trousses de Royal que pour envoyer Félix, en espérant visiblement qu’il se fasse massacrer dans l’opération — ce qui était tout à fait possible, sinon probable. Félix resta un instant interdit, mais il se ressaisit vite. Il échangea un regard avec Angel qui nia de la tête, puis avec Sweetie qui fit de même. Il regarda Fly, qui grimaça, avant de reposer les yeux sur Eclipse. Il esquissa un grand sourire, laissant ses canines éclatantes apparaître dans toute leur splendeur.

— J’accepte !

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