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Le Contrat du Chocolat – Chapitre 4

Cette histoire n’est pas destinée à un public jeune !
Dans cette histoire il y a de la vulgarité et de la violence gratuite. Beaucoup. Je ne cautionne pas.
Pas plus que je ne cautionne l’utilisation et le trafic d’armes.
Il y aussi un personnage important qui fume, mais je n’encourage pas du tout ça ! Fumer tue !
Et il y a de la drogue. De la consommation et du trafic. Je n’encourage évidemment pas ça non plus.
C’est une histoire à prendre totalement au second degré et qui, je l’espère, pourra vous tirer un sourire ou deux !

Bottines en édition limitée

— Il est super tôt, Canaille, qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi as-tu besoin de moi ?

Caoutchouc râlait comme un putois, et Canaille l’invita à s’asseoir sur le banc à côté de lui. Elle refusa tout net, refusant d’exposer son pantalon « hypertendance » à la saleté d’un banc public, et son cousin dut poser sa veste sur le banc pour qu’elle daigne y poser ses augustes fesses.

— J’ai besoin d’un coup de main, Caoutchouc.

— Tu veux que je t’achète de nouveaux costumes ? Pas de problème, mais je ne vois pas trop l’urgence !

— J’aimerais plutôt que tu m’organises une rencontre avec Ruina Ackentors.

— C’est une Reptile !

— Je sais, c’est bien pour ça que je veux lui parler !

Caoutchouc poussa un petit cri horrifié.

— Tu veux nous trahir et rejoindre les Reptiles ! Ne fais pas ça, Canaille ! Je sais que Tante Eclipse a été vache avec toi, parce qu’elle t’a désadopté, mais ne nous trahis pas ! Sinon on va devoir te tuer et moi je serai triste !

Elle ajouta une moue boudeuse pour conclure sa tirade et son cousin « désadopté » eut du mal à trouver une réponse appropriée.

— Je vais pas trahir, je veux juste… réparer ma connerie. Et pour ça, je vais avoir besoin de l’aide de Ruina Ackentors.

— Quelle connerie ?
— Tac. Mort. Tu sais, pour sauver ton frère.

— T’aurais dû t’abstenir, répondit-elle d’un air guindé.

Il soupira profondément, ne prenant même pas la peine de protester.

— Du coup, elle peut ressusciter les morts ?
— Hein ?

— Ruina Ackentors ! Tu veux la voir pour qu’elle ressuscite Tac ?

Canaille scruta soigneusement le visage de sa cousine, cherchant à déterminer si elle blaguait ou si elle était sérieuse. Il soupira profondément : elle ne blaguait pas.

— Non. Disons que je pense pouvoir l’utiliser pour… atteindre Crock Daraengar lui-même. Je ne peux pas tout te dire, parce que tu sais pas garder des secrets, mais en dînant hier avec Félix Mardoner, j’ai eu une idée pour réparer un peu ce que j’avais fait.

— Félix Mardoner ?! Tu as dîné avec lui ?! Sweetie était là ?!

Sweetie Mardoner, la sœur de Félix, réputée pour sa grâce, sa beauté et son élégance.

— Euh, non, pourquoi ?

— J’adore Chatte Périlleuse !

— On parle de quoi là ?

— La série du moment dont elle est l’actrice principale ! C’est l’histoire d’une espionne qui combat des méchants à Faunsinland et sur Terre ! Et c’est elle qui joue l’espionne !

— Elle a un nom de film porno, ta série.

— On s’en fout, elle est trop bien ! Et Sweetie est trop belle ! Je veux tellement la rencontrer, mais je n’ai jamais pu !

— Super… Bah moi, c’est Ruina Ackentors que je veux rencontrer, donc si tu pouvais m’aider…

Apparemment, le manque d’intérêt que Canaille portait à Chatte Périlleuse et à Sweetie Mardoner était trop frustrant pour Caoutchouc qui croisa les bras et détourna la tête. Comme une enfant boudeuse. La princesse des caprices était de retour.

— Caoutchouc… aide-moi un peu !

— Je la connais à peine, Ruina ! Et en cette période de guerre entre nos Clans, je n’ai aucune envie de la contacter, et c’est réciproque !

Caoutchouc avait raison, Canaille le savait. Elle avait rencontré Ruina Ackentors via leur passion commune pour la mode, alors qu’elles assistaient toutes les deux à un défilé de mode. Elles entretenaient depuis des rapports cordiaux, mais étaient très loin d’être amies, et ne se croisaient que lors d’événements liés au luxe et à la mode. Soudain, Canaille eut une illumination.

— Si tu la contactes pour moi, je t’organiserai une rencontre avec Sweetie Mardoner.

Sa cousine, qui continuait à tourner la tête, se retourna vers lui, surexcitée.
— C’est vrai ?!

— Je vais demander à son frère et s’il dit oui, tu m’aides, d’accord ?

— Tout ce que tu veux ! Allez, contacte-le !!

Faux échange de sms entre deux personnages de Le Contrat du Chocolat, histoire spéciale Pâques, partie 1
Faux échange de sms entre deux personnages de Le Contrat du Chocolat, histoire spéciale Pâques, partie 2

— Il est d’accord.

Caoutchouc hurla de joie et Canaille grimaça alors que ses tympans rendaient l’âme.

— C’est vraiment dommage que Tante Éclipse ait décidé de te virer de la famille !

— Ouais, c’est dommage… mais tu sais, si j’arrive à réparer mes conneries, peut-être qu’elle me réadoptera, tu crois pas ?

— Ah oui, peut-être bien ! Et tu accepteras ?

La question le prit totalement par surprise. Et même si la réponse —oui — lui paraissait une évidence, il n’arriva pas à l’articuler à haute voix. De toute façon, il était très loin d’en être là.

 

Ruina Ackentors était une Lézarde sophistiquée, qui portait une somptueuse combinaison noire de créateur, avec de belles chaussures à hauts talons et des bijoux discrets, mais visiblement hors de prix. Ses écailles tiraient vers le bleu foncé et brillaient doucement, probablement entretenues et polies par des soins de corps pour Reptiles aussi chers que semblait l’être son parfum. C’était étrange de voir cette dame clairement habillée pour un gala de riches attendre sagement à côté de sa belle voiture de luxe dans un vieux parking tout pourri qui accueillait presque exclusivement des vieilles carcasses de voitures. En voyant Canaille sortir de l’ombre, elle poussa un grognement peu élégant. Ses yeux orangés le foudroyèrent du regard alors que sa queue se mettait à s’agiter dans tous les sens pour montrer son mécontentement.

— J’imagine que je peux dire adieu à mes bottines Borezir en édition limitée !

C’était soi-disant pour lui vendre ces fameuses bottines que Caoutchouc avait pris contact avec elle et lui avait fixé un rendez-vous dans ce parking glauque.

— Vous auriez pu vous douter de quelque chose, quand même. On n’est pas franchement dans l’endroit le plus accueillant de Faunsinland.

— Pour ces bottines, je serais prête à massacrer chaque habitant de Faunsinland, répliqua-t-elle avec dédain.

— Vous avez le sens des priorités, ça fait plaisir, ricana Canaille.

Elle le foudroya du regard.
— Qu’est-ce que le Guerindor déchu me veut ?

Il sourit en étouffant ses envies de meurtres.
— J’ai une proposition à vous faire.

— Vous n’êtes pas mon type.

— Vous êtes pas le mien non plus ! Je parle d’une proposition professionnelle.

Elle l’observa avec scepticisme.

— Je ne vois pas ce qu’un minable renié par sa famille aurait à me dire sur le plan professionnel.

— Disons qu’entre minables, on peut se comprendre.
Elle étrécit les yeux, mécontente.
— Faites pas cette tête, je sais que Crock Daraengar peut pas vous blairer. Vous avez gardé votre richesse, mais il a sapé toute l’influence et toute l’autorité que vous aviez avant qu’il ne devienne le patriarche Daraengar.

— Crock avait peur que ma famille remplace la sienne. Mais c’était il y a une éternité. Maintenant, plus personne ne se souvient vraiment des beaux jours des Ackentors.

— Mais vous voulez vous venger de Crock, non ?

— C’est pour ça que vous êtes là ? Les Lapins veulent me recruter pour avoir le bon vieux Crock ?

— Les Lapins savent pas que je suis là, mais ouais, globalement, je veux que vous m’aidiez à atteindre Crock.

— Et pourquoi est-ce que j’accepterais de vous aider ? Vous êtes aux abois, vous n’avez rien à m’offrir, et Crock me fera payer très cher ma trahison.

— Pas s’il est mort.

Il y eut un léger silence.
— Vous êtes courageux, Canaille. Mais ne vous faites pas trop d’illusions : vous n’arriverez jamais à tuer Crock. Il est trop fort, trop protégé et trop malin pour se faire avoir par vous.

Canaille hocha la tête en silence, se contentant de dégainer une cigarette. Le regard de Ruina était tellement plein de jugement qu’il grimaça.
— C’est mes poumons, je gère.

— Vos poumons et ceux de votre entourage. Et je ne pense pas que vous puissiez « gérer » les conséquences du tabagisme.

Il roula des yeux, ne masquant pas son agacement.

— Bref, on s’en fiche ! Vous détestez Crock, il a probablement fait assassiner la moitié de votre famille, et tant qu’il sera vivant, vous ne pourrez jamais récupérer l’influence et la gloire qui accompagnaient votre nom par le passé. Je vous offre une chance inespérée de vous débarrasser de lui !

— Si on apprend que je vous ai aidé, je serai dans le meilleur des cas bannie à jamais de mon Clan. Ou alors, je me ferai juste massacrer.

— Je vous demande juste de vous arranger pour rendre Crock accessible pour moi. C’est tout. Vous êtes intelligente, je sais que vous pouvez faire ça discrètement sans que personne pense à vous accuser. Allez, je sais que vous crevez d’envie de le voir mourir !

Ruina demeura longuement silencieuse, laissant Canaille terminer sa cigarette et en allumer une deuxième tout de suite derrière. Tant pis pour ses poumons. De toute façon, vu comme il était parti, il allait bientôt mourir dans d’atroces souffrances en essayant d’abattre Crock Daraengar.

— J’accepte à une condition.

— Je vous écoute.

— Je veux la peau de Zanzar Daraengar.

Canaille émit un grognement en réponse. Ils s’étaient tous passé le mot ou quoi ? Il n’était pas tueur à gages spécialisé en massacre de Daraengar !

— Faites-le venir avec son frère, je les buterai tous les deux.

Elle fit un petit rictus amusé, signifiant clairement que pour elle, Canaille n’avait aucune chance. Et elle n’avait pas tort.

— Je ne veux pas uniquement que vous le tuiez. Je veux sa peau. Littéralement.

— C’est une blague ?

— C’est à prendre ou à laisser, Monsieur Kellis.

Il grimaça et serra les poings sous l’effet de la colère. Kellis était son ancien nom de famille, avant qu’il soit adopté par les Guerindor. C’était cruel de l’utiliser ainsi, pour lui rappeler clairement qu’il n’était plus un Guerindor. Et qu’il était un Kellis.

— Qu’est-ce que vous voulez faire avec sa peau ?
Elle eut un sale sourire.

— Des bottines.

Bien sûr, il aurait dû s’en douter.

 

Lorsqu’Eclipse fit son apparition dans le vaste salon familiale, Pacha se mit à se tortiller sur son siège —ce qui était ridicule étant donné son gabarit. Il était au téléphone, alors que sa grande sœur, Topaze, était sur son smartphone, écouteurs vissés dans ses oreilles. Topaze était grande, avec un pelage marron uniforme, et de grands yeux bruns identiques à ceux de sa mère. Elle ne remarqua même pas l’arrivée de sa tante, ce qui exaspéra Eclipse. « Canaille t’aurait déjà salué ! » Ah non, dégage ! Sa stupide Voix Intérieure ne la laissait plus tranquille, et Eclipse savait qu’elle parlait parfois à voix haute. Et que le reste de sa famille l’avait remarqué. Elle savait que Cactus, son cher frère, le père de Caesar et Caoutchouc, avait ouvert sa grande bouche pour lui en faire la remarque juste avant qu’elle ne vienne rejoindre le salon, mais elle l’avait tellement mal regardé qu’il avait gentiment refermé son clapet. Il devait probablement avoir rejoint Duchesse, sa femme, ou Roussarde, sa maitresse. Une jeune et jolie Pigeonne. Sentant le regard de sa tante sur lui, Pacha raccrocha brutalement son portable et la salue avec un sourire idiot. Cela la fit soupirer. Qu’est-ce qu’il essayait de lui cacher ? Son téléphone sonna une demi-seconde plus tard et il hésita un instant à répondre, mais décrocha, posant un regard craintif sur sa tante. Tout énorme et débile qu’il puisse être, Pacha avait la trouille de sa tante.

— Ouais, je peux pas te parler, je…

— TU VIENS DE ME RACCROCHER AU NEZ, ESPÈCE DE GROS DÉBILE ?!

Le hurlement était clairement audible à travers le téléphone, et Eclipse sentit son cœur rater un battement. C’était la voix de Canaille. Son adorable petit Canaille, à qui elle n’avait pas parlé depuis huit jours.

« À qui la faute ?! »

La sienne ! Il a fait n’importe quoi ! À cause de lui, tous les Clans nous tournent le dos ! Pâques approche et nous ne pourrons pas assurer nos livraisons ! L’Usine est sens dessus dessous ! Les Gallinacés sont sur le point de récupérer le Contrat du Chocolat ! à cause de lui !

— Mais… mais je peux pas te parler ! retentit la voix de Pacha, réussissant à atteindre les oreilles d’Eclipse malgré ses conversations intérieures.

— BAH BOUGE TON CUL ET VA DANS UN ENDROIT OU TU PEUX ME PARLER !

Eclipse sentit sa gorge se nouer d’émotions. Les aboiements de son neveu étaient tellement mélodieux, elle avait oublié à quel point.

— Mais y a Tata en face moi et elle veut pas que je te parle !

Il fallut quelques secondes à Eclipse pour réaliser ce que venait de dire Pacha et elle eut honnêtement envie de lui arracher sa grosse tête.

— Allô ? Ah, t’as raccroché…

Pacha rangea son téléphone et sourit bêtement à sa tante, mais son sourire fana devant le regard assassin d’Eclipse.

« T’en prends pas au petit, il y est pour rien ! C’est toi la responsable ! »

— TOPAZE !

Le cri d’Eclipse fit sursauter la Lapine, qui déguerpit immédiatement du salon sans demander son reste. Pacha se ratatina dans son fauteuil — et le spectacle était vraiment ridicule — alors qu’Eclipse le fixait.

— Pourquoi Canaille t’a-t-il appelé ?

— C’était pas Canaille, c’était… euh… une pute !

Eclipse laissa son esprit vagabonder, imaginant comment Canaille réagirait à ça. Comment il agonirait son cousin d’injures avant de le secouer comme un prunier malgré leur différence de musculature clairement en faveur de Pacha. Comment il lui mettrait des claques sur la tête jusqu’à ce qu’il perde les « deux neurones qui lui restaient ». Elle esquissa un sourire, perdue dans ses pensées, et elle devait vraiment avoir l’air d’une folle parce Pacha glapit. Elle perdit instantanément sa bonne humeur et fusilla du regard son neveu.

— La vérité, Pacha.

— Il voulait prendre des nouvelles de Biscuit ! à cause de la balle dans son cul !

— Je suis au courant, grinça-t-elle entre ses dents serrées. C’est la vérité ?

Il hocha la tête frénétiquement et elle sut instantanément que non, ce n’était PAS la vérité. Elle se força pourtant à esquisser un sourire bienveillant, et cela fit soupirer de soulagement le gros Lapin.

— Maintenant, sors.

— Hein ?

— DEHORS, PACHA !

Il bondit de son fauteuil et tomba à quatre pattes au sol. Il sortit sans prendre la peine de se relever, comme s’il était poursuivi par une nuée ardente, et Eclipse put enfin profiter d’un peu de solitude. Elle savait que ça ne durerait pas : à toute heure du jour et de la nuit, on venait la solliciter et l’appeler. Elle n’était JAMAIS tranquille, mais c’était normal : elle était la matriarche de la famille Guerindor, l’une des familles les plus riches de Faunsinland. Mais elle manquait totalement de motivation, et elle n’avait plus la force de mener la guerre contre les Gallinacés, Reptiles et Rats. Ils avaient gagné ; les Lapins avaient perdu.

« Pauvre fille, va. La honte de sa famille ! »

— Oh, ferme-la ! Tu n’as aucune idée de ce que c’est que d’être à ma place ! Les Guerindor n’ont jamais été aussi décadents et débiles qu’ils le sont actuellement, et je suis la seule à les empêcher de sombrer !

« Tu empêches quoi, au juste ? Tu vas perdre le Contrat du Chocolat en faveur des Gallinacés ! »

— C’est un plan prévu depuis des années ! Cela fait des années qu’ils préparent ça, des années que ces abrutis d’humains se laissent séduire et manipuler par les Gallinacés ! je fais de mon mieux, mais on a trois Clans déterminés et soudés contre nous ! Aucun Clan n’a réussi à survivre à ce genre d’alliance auparavant !

« Et pourtant, tu mets toute la responsabilité sur les épaules de ce pauvre Canaille. »

Eclipse écarquilla les yeux, incapable de répondre. Elle fut brutalement ramenée des années en arrière, à l’époque du terrible règne des Kellis.

LE TERRIBLE RÈGNE DES KELLIS - EXPLICATIONS

Voyou et Gaufrette Kellis s’étaient connus lorsqu’ils étaient très jeunes, et ils étaient immédiatement tombés follement amoureux l’un de l’autre. Rapidement, ils avaient assouvi ensemble leurs pulsions criminelles, et avaient commis au fil des années un nombre considérable de délits et de crimes. Vols, meurtres, incendies criminels, agressions, braquages… Ils avaient atteint le zénith de leur relation et de leur passion lorsqu’ils s’étaient définitivement reconvertis en tueurs en série, qui commettaient des meurtres horribles pour se faire la sérénade l’un à l’autre. Cannibales, ils mangeaient les autres habitants de Faunsinland, mais avaient aussi réussi à tuer et à cuisiner quelques humains. Surnommés « Les Bouchers de Faunsinland », ils avaient fait un nombre considérable de victimes. Cruels, sadiques et de plus en plus violents au fil du temps, ils avaient fait régner la terreur au sein des Clans. Ils avaient fini par être démasqués par les Canins alors qu’ils étaient en train de torturer un pauvre Chien dans sa propre maison. Ils avaient réussi à échapper aux Canins et étaient rentrés chez eux pour se préparer à « partir en beauté ». Encerclés par les Guerindor et d’autres Lapins prévenus par les Canins, puis par les Canins eux-mêmes venus en renfort, les Kellis avaient canardé leurs ennemis pendant des heures avec des armes lourdes, mais avaient fini par se suicider lorsqu’ils étaient arrivés à court de munitions. Ils s’étreignaient, morts, lorsque leurs corps avaient été découverts. La fin du règne des « Bouchers de Faunsinland » était arrivée, et tout Faunsinland avait festoyé. Aujourd’hui encore, on racontait que leurs fantômes hantaient les rues et certains fans détraqués vendaient des t-shirts à leur effigie. Un restaurant avait même ouvert et vendait des plats inspirés des Bouchers de Faunsinland —garantis sans cannibalisme cependant.

FIN DES EXPLICATIONS !

Eclipse était entrée la première dans la maison presque en ruines des Kellis. Elle avait trouvé leurs corps enlacés, et avait ordonné à Moustique de leur remettre plusieurs balles. Elle avait ensuite fait le tour de la maison, et était restée complètement bouche bée en arrivant dans la cuisine. Assis par terre, une cigarette dans la bouche, se tenait un tout petit Lapin, très jeune et parfaitement bien portant. Il l’avait regardée d’un regard curieux, peu troublé par la dévastation qui régnait autour de lui. Eclipse avait été extrêmement choquée, car elle ignorait, comme tout Faunsinland, que les Kellis avaient eu un enfant.

Mercure avait déboulé dans la cuisine, arme au poing en beuglant comme un dément, et Eclipse ne savait toujours pas aujourd’hui pourquoi il était dans un tel état d’excitation. Elle l’avait frappé pour le calmer, puis Mercure avait aperçu le Lapereau et avait immédiatement été attendri. Il avait voulu le prendre dans ses bras, et Eclipse sourit en se remémorant comment Canaille lui avait mordu l’avant-bras de toutes ses forces. Il avait même arraché un petit morceau de chair, qu’il avait consciencieusement mâché avant de l’avaler. Mercure avait encore la cicatrice aujourd’hui, et il n’avait jamais vraiment pu être à l’aise en présence de Canaille.

Initialement, Eclipse avait voulu garder le petit Kellis proche d’elle pour pouvoir le surveiller, car tout Faunsinland, elle y comprise, était persuadé que ce petit Lapin muet, fumeur et à moitié cannibale allait devenir aussi monstrueux que ses parents. En grandissant, cependant, Canaille s’était avéré gentil, intelligent et dévoué. Et Eclipse s’était attachée à lui, au point de l’adopter et de l’inclure au sein de la famille en tant que petit dernier des Guerindor. Ils avaient tous pété les plombs lorsqu’elle avait pris cette décision, et la plupart n’avaient jamais accepté Canaille. Pourtant, il était incroyablement compétent, et il avait permis à Eclipse de ne plus être sollicitée toutes les millisecondes. Elle pouvait enfin déléguer un peu de ses responsabilités à quelqu’un, elle n’était plus isolée dans sa tour de commandement, seule et incomprise. Et maintenant, elle avait perdu Canaille. En l’excluant de la famille, elle l’avait perdu à jamais.

— Madame Eclipse ?! Tout va bien ?!

Elle sortit enfin de ses pensées et se retourna vers Moustique. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle réalisa qu’elle pleurait, et elle s’essuya les yeux en souriant au plus fidèle des fidèles. Son cher Moustique. Un grand lapin, maigre, avec de grands yeux bleus et un poil roux terne et mal entretenu. Il était couvert de cicatrices et incroyablement rassurant pour la cheffe des Guerindor. Plus fiable que son propre sang et que sa propre chair. Comme Canaille.

— Tout va bien, répondit-elle en reniflant. Tout va bien…

— Vous êtes sûre ?!

— Oui, ce n’est rien… un petit craquage… Tu n’es pas censé assister à ça…

— Je sors, répondit-il aussitôt.

Il se sentait coupable, le pauvre, et Eclipse nia de la tête.

— Tu veux bien qu’on se fasse un câlin ?

Il hocha gentiment la tête et malgré leur différence de taille, il faillit tomber en arrière lorsqu’Eclipse se jeta sur lui pour le serrer contre elle. Il sentait —ou plutôt puait l’alcool, mais pas parce qu’il était ivre : Moustique utilisait de l’alcool comme parfum. Parce qu’il aimait bien l’odeur. Et il arrivait miraculeusement à ne pas être constamment en état d’ébriété. Il lui tapota gentiment le dos, pour la réconforter, et c’était efficace.

— Allez, Madame Eclipse, vous faites pas de bile, tout va s’arranger.

— Non, pas tout ! répondit-elle d’une voix étouffée.

— Si, on va s’en tirer ! On va leur botter le cul à ces connards ! Et les humains vont rester en affaire avec nous, vous allez les convaincre !

— Mais j’ai perdu mon bébé, Moustique…

Il resta longuement silencieux après ça, tout comme elle. Elle finit par mettre fin à leur étreinte, consciente que si Moustique pouvait être témoin de sa faiblesse, ce n’était pas le cas des autres Lapins qui vivaient ici. Il fallait se ressaisir.

« Qu’est-ce que tu vas faire, maintenant, pauvre cruche ? »

Elle n’avait pas de réponse.

Quatrième chapitre publié ! 😁

Je suis très fière des faux sms entre Canaille et Félix ! Et j’avoue, j’aime le titre que j’ai choisi !^^

J’espère que vous avez apprécié ce chapitre ! 🙂

Les sms ont été faits avec un générateur en ligne de faux messages. 

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